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guides : Maurice Mattei et Jean-Christophe Liccia
Un peu d’Histoire :
Le nom du hameau, Conchiglio provient du grec qui signifie coquillage. En effet, situé au fond de la vallée, il ressemble à une conque et est donc appelé ainsi à cause du relief.
Le hameau de Minerviu, lui, est situé sur une montagne en forme de bosse ou de mamelon qui la fait ressembler au casque de la déesse Minerve, et un temple a peut-être été érigé en son nom en haut de cette montagne et peut laisser penser que la déesse est à l'origine du nom du hameau.
Quant à l’appellation de Barrettali, on sait que le mot bar veut dire obstacle dans une langue plus ancienne que le latin.
En ce qui concerne l’Annonciade, on sait par l’inventaire des Bénédictins de la Gorgone qu’il existait une église ainsi nommée dès 1210 (Cette appellation se retrouve ailleurs en Corse, comme à Ogliastro par exemple). Elle mène à la majestueuse allée des tombeaux qui se termine par une chapelle en ruine.
Dès 1269, les Actes de l’Evêque du Nebbiu attestent des droits seigneuriaux des évêques de la région qui ont porté le titre de comtes de Conchiglio, comme à Ajaccio les évêques ont porté le titre de comtes de Frasso. De plus, un document rédigé à l’Eglise Saint Pantaléon (à l’époque, une église romane située derrière l’église actuelle) nous apprend que les deux églises (L’Annonciade et St Pantaleon) étaient les plus importantes de la commune. Tous les autres édifices du lieu n’étaient que des chapelles.
Enfin, en 1872, l’église ancienne du couvent où nous sommes a été agrandie et élargie, surélevée et allongée après avoir obtenu le statut de paroisse. L’église de Minerviu devint également paroisse au XIXe siècle.
II- Historique du couvent de l’Annonciade (par J.C. Liccia)
En l’an 1210, l’on trouve donc la première mention de l’Annonciade comme chapelle. Les Servites de Marie, ordre religieux aujourd’hui peu connu en France (fondé à Florence au milieu du XIIIe siècle), s’y établissent peu avant 1573, certainement à partir de missions organisées depuis le couvent de Morsiglia, fondé en 1479. Les Servites compteront au total six couvents en Corse, qui seront tous supprimés à la Révolution française. Si certains couvents réouvriront au XIXe siècle (Morsiglia par exemple où s’installeront des Capucins), les Servites quant à eux ne reviendront plus dans l’île.
Le couvent de Barrettali compte trois à quatre religieux jusqu’à la fin du XVIIème siècle, avant un accroissement de leur nombre, jusqu’à sept ou huit. Ils étaient jusqu’aux années 1670 presque tous d’origine italienne, avant l’entrée en nombre des Corses, au moment de l’introduction et du développement du culte Notre Dame des sept douleurs.
Plusieurs de ces religieux italiens étaient envoyés en Corse (et en Sardaigne) après avoir été condamnés pour diverses fautes sur le continent. Certains étaient exilés dans l’île pour des questions de mœurs, comme un religieux de Sienne, très grand théologien, fort cultivé, mais homosexuel.
Un autre pratiquait la magie et fut, celui-là, relégué pendant plusieurs années en Corse… Il utilisait, paraît-il, des têtes de cadavres pilées pour faire avorter les femmes ou d’autres invocations ou prières. La situation s’améliora très largement par la suite. Au final, c’est au moment où les religieux avaient un comportement presque exemplaire que les couvents furent supprimés, dans le contexte politique troublé de la Révolution.
III- Les bâtiments conventuels (du même couvent de l'Annonciade)
Nous n’avons ici plus que des ruines. Sur le cadastre napoléonien, il se composait d’une seule aile, et était collé au chœur de l’église, comme il se devait à l’époque pour pouvoir passer directement du bâtiment à l’église afin d’assister aux offices.
Ce modeste couvent servait occasionnellement de couvent pénitentiel ; on y envoyait quelques religieux fautifs, le plus difficile des établissements servites étant celui de Casabianca, en raison du froid et de la neige l’hiver et du pain de châtaigne comme nourriture principale.
L’on peut également, en consultant les archives, constater la progression de la culture des religieux qui deviennent docteurs en théologie ou prédicateurs célèbres, comme un Bastiais mais qui fut envoyé à Barrettali pour purger une peine suite à un comportement à la fois autoritaire et générateur de conflits.
IV- Description de l’intérieur de l’église de l’Annonciade (J.C. Liccia)
Nous possédons une description sommaire de cette église de l’Annonciade avant les importants travaux de reconstruction de 1872 : une charpente en bois, un sol de planches. Les changements du XIXe siècle sont rendus possibles avec l’enrichissement de la population, notamment grâce à la navigation, au commerce du cédrat et à quelques « Américains ».
L’église conserve un décor de stuc du début du XVIIe siècle dans le chœur, attribuable au célèbre stucateur Francesco Marengo, que l’on sait venu à Barrettali pour le clocher de Saint Pantaléon.
Le maître-autel, de la fin du XVIIIe est baroque et comprend une partie asymétrique (il représente une scène de l’Annonciation).
Le tableau le plus ancien, à gauche de l’entrée, représente les âmes du purgatoire et N.D. des sept douleurs (7 épées sont plantées dans son cœur). Il figure également un saint servite qui tient un lys et la tiare du Pape : San Filippo Benizi.
L’unique vitrail vient de l’atelier des maîtres-verriers Mauméjean, relativement importants et connus à la fin du XIXe siècle et au début du XXe, en France et en Espagne. Il est situé au-dessus de la porte principale. On peut voir d’autres vitraux de cet atelier à Brando. Leur commanditaire était natif de Barrettali (du hameau de Torra). Il s’agit du docteur Mattei, bien connu à Marseille dans la première moitié du XXe siècle.
Enfin, le clocher ou campanile date du XIXe siècle, car, auparavant, il s’agissait d’un petit clocher-mur, plus simple.
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V- Visite de maisons du village
La maison Battisti :
Elle fut restaurée au début du XXe siècle, grâce à la fortune familiale due au cédrat, entre 1910 et 1920. Les grands centres de ce commerce se situaient à Livourne et Anvers, et son marché vers la Palestine était très important à cette époque.
Sa construction latérale explique les escaliers en V.
Et le passage voûté révèle qu’il y avait d’autres maisons.
Tout a été relié dans les années 1980. Le bâtiment principal est en pierre de lin de Bourgogne.
A côté de la maison Battisti se dresse une autre maison de notables, de la fin du XIXe siècle, appartenant à la famille Luigi et constituée de quatre niveaux.
D’autres maisons dans le village lui-même :
Une maison ancienne de la famille Luigi, réaménagée vers 1820-1830, affiche une porte très élevée, un escalier intérieur avec demi-palier et fenêtre à chaque étage, et surtout un superbe cadran solaire. Celui-ci comporte une inscription :
« Se mal uso fai di quel ch’io segno / di guardarmi o mortal non sei piu degno » (« si tu fais un mauvais usage de ce que je t’enseigne (ou te montre), ô mortel tu n’es plus digne de me regarder »).
Dans une soupente attenante se trouvent des cuves faisant office de lessiveuses : on lavait là les draps avec l’eau et la cendre.
Une autre maison, ayant appartenu à Pierre-Baptiste Battisti, porte sur son imposte la date de 1862. Un petit portail donne une vue directe sur un four à pain avec bouche appareillée et murée par un arc de pierre monolithe.
A côté, un autre édifice a conservé une fenêtre du XVIIe siècle encadrée par deux niches : niches à pot ou éclairage, on ne sait…
VII- L’allée des tombeaux
En contrebas de l’Annonciade, on y trouve de nombreux tombeaux de la deuxième moitié du XIXe siècle, et notamment les chapelles funéraires des familles Luigi et Battisti, avec tableau de Novellini.
Enfin, si l’on emprunte le chemin au bout de cette allée, sur la gauche, jusqu’à la rivière, l’on trouve un pont génois qui fait la limite entre les seigneuries Da Mare et Gentile. En effet, du côté ouest du pont, l’on découvre deux pierres taillées comportant un écusson et un cercle, sur lesquelles ont probablement été figurées les armes des deux seigneuries.
Quant au moulin de l’autre côté du pont, il appartient à Canari. Nous avons là un des plus beaux sites de la région...